Insieme | Calliope, Vittorio & Giorgio [terminé]

Je m’éclipse dès lors qu’elle me demande à boire. La fontaine à eau n’est qu’à quelques centaines de mètres cependant, ce qui ne me permet pas de me dégourdir les jambes très longtemps. Je remplis le gobelet en plastique sans vraiment y faire attention, reprenant mon chemin en sens inverse pour retrouver Calliope. Elle me remercie, porte le verre à ses lèvres et au même moment, nous entendons quelqu’un appeler le nom de Giorgio. Je récupère Alessia dans mes bras tandis que sa mère se lève pour accueillir le médecin. J’ai l’impression que quelqu’un tire des ficelles invisibles pour lui permettre de tenir debout. L’air grave, elle nous dresse le tableau. Je ne m’étais pas rendu compte de la gravité de l’incident. Hémorragie, chirurgie, traumatisme crânien…des termes qui résonnent tels des coups de poignard. Je caresse machinalement la tête de la petite, d’un geste rassurant quand elle n’a aucune idée de ce qui est en train de se passer. De ce que ses parents sont en train de traverser. Ce n’est pas d’eau dont j’ai besoin, mais d’alcool fort !

Le docteur Brighi s’éloigne. Calliope se tourne vers moi, accroche mon regard et tente d’y trouver du réconfort. Je lui adresse un sourire tout en berçant sa fille, secouant légèrement la tête.

" Ne t’en fais pas pour ça. L’important, c’est d’être ici. Et même si on ne peut pas faire grand-chose, je suis certain qu’il sait que nous sommes présents. Que sa famille est auprès de lui. Il ne peut pas être mieux encadré et je suis certain qu’ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour le sauver. Hey, c’est un dur à cuire, ton homme ! ", ajoutai-je en lui lançant un clin d’œil. " Une force de la nature ! Il va se battre, c’est certain. "

J’en étais convaincu et essayais d’être convaincant. Nous n’avions pas d’autre choix que d’espérer.
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J’ai passé le plus clair de mon temps avec ma filleule. A la bercer contre moi, à jouer avec elle dans son cosy, à lui montrer toutes sortes de choses depuis les couloirs de l’hôpital. Elle n’a rien d’une sauvage et découvre le monde comme une gloutonne ! Dès que ses prunelles repèrent un objet, une personne, une forme inconnue, elle s’y intéresse. S’interroge. J’aimerais tellement savoir ce qui se passe dans sa tête… Calliope s’assoupissait parfois, mais cela ne durait jamais. L’inquiétude la rongeait et je ne savais pas quoi faire pour apaiser son stress. Les pitreries qui faisaient rire sa fille lui arrachaient un faible sourire, c’était déjà ça…

A peine a-t-elle aperçu la blouse blanche au bout du couloir qu’elle s’est immédiatement levée pour aller à sa rencontre. Je l’ai imité. La main de Calliope se serre dans la mienne et mes propres doigts pressent sa peau, comme pour lui assurer que j’étais bien là. Première bonne nouvelle : l’opération s’est bien déroulée. Deuxième…nouvelle : Giorgio est dans le coma. Elle me serre plus fort et s’empresse de demander au médecin si nous pouvons nous rendre à son chevet. Nous nous y rendons sans plus attendre, Alessia paisiblement endormie dans son cosy. Heureusement, elle ne peut pas comprendre ce qui se passe. Moi, en revanche, j’aimerais bien en savoir davantage.

Ma gorge se serre lorsque je découvre mon ami allongé sur ce lit, entouré de moniteurs et autres appareils en tous genres. Un tube dans la gorge, les paupières closes, il est inerte. C’en est trop pour Calliope qui ne supporte pas cette vision d’horreur et craque. J’attrape le cosy d’Alessia pour la poser un peu plus loin et prend sa mère dans mes bras. Je lui souffle qu’elle n’a pas à retenir ses larmes, que personne ne lui en voudra de pleurer. Que le plus délicat est passé. Que Giorgio leur montrera, à tous, que c’est un battant. Qu’il va me passer un savon d’avoir profité de la situation pour me rapprocher de sa femme ! Je souris de toutes mes dents en me détachant d’elle, me penchant légèrement pour trouver son regard. J’ai l’air confiant. Je suis confiant. Je serai sa béquille, le temps qu’il récupère. Pour lui. Pour elle. Pour eux. Pour cette famille qui fait partie de ma vie, aujourd’hui et à jamais.