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Des lapins et des Hommes

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Des lapins et des Hommes - Dim 25 Fév - 19:03
Joe Tennessee
lycans
lycans


Joe Tennessee
EFFIGIE : Diane Kruger
BAFOUILLES : 183
PACTE : 18/02/2018
Des lapins et des Hommes  Tumblr_inline_n2a0weSBuW1rvc1tw

OSSATURE : 129 ans (43 ans)
CONTRAT : Dictatrice
BESOGNE : Gardienne des horreurs, garante des bêtes en cage
ÉCHINE : Sang Pur. Alpha. Ulfric. Bannie.
CREDIT : (ava) me / (gif) a hiding place for gifs, remind me of a babe

.Des lapins et des Hommes.



Il est à la fois très tard et beaucoup trop tôt. Allongée dans sa nouvelle tanière, la chaleur un peu factice de draps industriels et l'accordéon bancroche d'un CD de zydeco en guise d'objets contraphobiques, Baby combat comme elle peut, sa claustrophobie latente. Ce rejet plein et tempétueux de son arrivée à Rome, transformé aujourd'hui en un malaise à bas bruit, perpétuel; cette impression constante de voir les murs se rapprocher, le plafond descendre. Un livre délaissé pour le papier jauni d'une photo ancienne, madame s'égare en pensées dans les traits que le glorieux portrait dessine. Songe, une brève seconde et dans une angoisse à lui glacer les os, à l'effet que les murs d'une prison auraient sur elle, dame du luxe des grands espaces qui ne supporte pas les maigres mètres carrés de sa chambre. Elle s'interroge sur les risques, Josephine, dans cette manie idiote et trop commune à laisser la nuit nous imprégner de nos terreurs infantiles, nos inquiétudes d'adultes; quelle chance aurait-elle de finir en prison en abritant sciemment un criminel, elle-même coupable devant les lois humaines de choses qui, aujourd'hui encore, doivent fertiliser les vieux marais du Bayou. Comment vous appelez ça, déjà ? Complicité. Association de malfaiteurs ? Obstruction à la justice. Tant de termes édifiants et érudits, étonnants, cocasses en somme; une seule véritable certitude, celle de préférer mourir que d'être mise en cage. En arrivera t'on là ? Serait-il prêt à courir le risque cet homme et, le cas échéant, aurait-il les tripes de tirer lui-même la balle ou la cruauté de la laisser ce faire. Lui, cet homme-là, celui qu'elle attend ce soir comme tous les soirs. Par instinct grégaire, sans doute, celui qui l'a toujours empêchée de dormir avant de savoir le dernier animal revenu, en sécurité sous sa grande patte. Par notion plus personnelle, peut-être, que de voir ce loup-là égorgé sur un trottoir n'est pas un simple fantasme arraché à ses terreurs irrationnelles, nocturnes - plutôt une fin très plausible. Alors a l'instar de toutes les autres bêtes avant lui, Josephine se fait un sang d'encre de le savoir loin d'elle ; et pour lui-seul elle accorde la grâce inavouée d'un véritable manque.

Un bruit de pas au dernier étage attire l'oreille de Baby vers la porte du vieil appartement; abaisse machinalement le portrait d'Elliott de devant ses yeux pour guetter la chambre vide,  museau tendu hors des murs. Le martèlement des pas l'inquiète une seconde, un parfum sucraillé mêlé aux effluves d'éthanol l'agace autant qu'il la rassure.
Dans un soupir, Josephine attend d'entendre un rire un peu trop aigu, excessivement manifeste, disparaître derrière une porte close. Abandonne le portrait dans un tiroir et les draps industriels dans une chambre vide, quand s'emparant d'un sac d'affaires dissimulé sous le lit, elle s'extirpe de l'appartement trop peuplé, excessivement civilisé, pour rouler une voiture industrielle vers des contrées plus clémentes.

En périphérie de la métropole sacrée, un gigantesque prédateur s'éveille, une biche éviscérée en sacrifice de ses instincts brimés.

She's just going through the motions
Faking it somehow.
She's not even half the girl she was.

Comment se douterait-elle, cette biche, que pendant le sommeil trop lourd de ses ébats alcooliques, juste à côté d'elle, une femme lavait dans la baignoire les preuves sanglantes de la traque d'une autre.

Le soleil froid d'un jeudi bien hivernal pour les contrées romaines a remplacé les terreurs nocturnes et les chasses sanglantes. Baby, elle, a troqué son manteau de fourrure pour un chandail épais, sous lequel elle se love derrière un écran d'ordinateur, une tasse de thé fumante. Dans la lenteur maladroite et sénile avec laquelle elle manipule son curseur, Jossephine fait défiler des images de vieux poêles à bois sur un site de seconde main, note consciencieusement des numéros de référence dans un calepin en cuir. Seule, elle savoure sans les élans de sa mauvaise foi constante, la lumière qui baigne ses grandes fenêtres des lumières blanches, inimitables de l'hiver. Dans la grande pièce à vivre, bénéficiant de l'espace gagné par leurs chambres minuscules et des murs absents d'une cuisine américaine, tout le mobilier semble ronronner le confort et la chaleur d'un ersatz de foyer. Même le vieux flipper récupéré pour être réparé à deux dans le souvenir délicieux d'une spontanéité commune, indécente, prend toute sa gueule ainsi éclairé par les beautés du jour.
Rarement satisfaite ainsi, la clémence quasi providentielle de Joe est pourtant vite gâché par la sonnette de l'appartement qui résonne; puis des pas dans la chambre, dont elle devine aisément qu'ils ne sont pas de son autre, mais de l'autre.

Un nez audacieux emmanché d'un minois résolu sort de la chambre, se paye l'insolence d'un sourire à son adresse sitôt échappé. Un T-shirt d'homme passé sur son corps presque nu dans une possessivité manifeste et bien stupide, elle oublie la discrétion dans l'aplomb avec lequel ses pas s'avancent vers l'occupante des lieux, une main passée dans sa chevelure dans un charme certain, quoique très vite épuisable. Courageuse, la biche, elle franchit pourtant l'imprudence quand à la place de Josephine, elle s'en va répondre à l'interphone, ouvrir l'accès de l'immeuble d'un doigt grossier sur le bouton. J'ai commandé du chinois. explique t'elle, un peu trop fière, au sourcil levé avec circonspection qu'elle reçoit pour réponse. Un nouveau sourire de sa part achève de faire replonger la blonde sur son écran d'ordinateur, dans une promesse muette que quelqu'un devra le payer cher. Sans se défaire de sa risible conquête territoriale et dans l'attente du livreur qui doit être entrain de mourir entre le troisième et le quatrième, la petiote s'avance jusqu'au comptoir où Baby est assise, y pose ses petites mimines, le nez tourné vers la cage qui en dépasse de part et d'autre. Inconsciente bien-sûr, d'être à portée d'un prédateur capable de lui arracher la gorge d'un seul bond en l'air, elle sourit, encore et toujours. Elle a toujours trouvé les gens qui souriaient constamment suspect, Baby. Celle-là ne la contredit pas tellement.

" C'est un lapin ? " s'interroge la scandaleuse, badine, son petit nez tourné vers le rongeur qui gambade Non connasse, c'est un rottweiler. elle songe pour réponse, Josephine, dans un américain bien tranché, parfaitement agressif. " J'en avais un quand j'étais petite. " explique t'elle à cette question bancale, semblant se rendre compte après un temps de son absurdité relative. " On n'est pas obligées de parler. " la coupe Baby dans un sourire glacial, qui a le mérite de la faire reculer derrière le comptoir. Mouvement qu'elle rattrape avec dignité en allant payer le livreur, dans une danse qui commence à devenir amusante, dans son extrême ridicule, son expressivité irritante. " Je vous en ai pas pris, désolée. minaude la belle, ne se cachant pas d'être narquoise, les paquets fièrement exhibés dans ses bras, dans cet orgueil primitif à trouver l'occasion d'un repas partagé malgré ses airs arrogants de citadine.

C'est amusant, ce que l'humanité peut se croire civilisée, pourtant rabaissée à tellement d'instincts primaires quand on sait y voir. Elle rit pour réponse, d'ailleurs, Josephine. N'y accorde pas plus d'attention, la laissant retourner dans la tanière commune, le nez plus haut que jamais, tandis qu'elle replonge dans ses poêles avec une dédaigneuse indifférence.

Pauvre chérie.

I don't want to be
Going through the motions,
Losing all my drive

" Elle est plus téméraire que la précédente. se contente t'elle en guise de commentaire, Baby, sur l'arrivée moins glorieuse de l'homme échappé de sa grotte, quelques temps plus tard, un oeil par ci et l'autre par là. Ne cachant pas sa satisfaction de recouvrer son américain natal, maintenant que la gosse a filé sous la douche, et quand bien même elle serait là pour se sentir exclue par la barrière de la langue. Sans accorder plus aucune pensée à l'épisode, ni explication à ce rongeur touffu au nez trémoussant à ses côtés, Joe tourne son écran d'ordinateur vers l'oeil expert à la gueule de bois. Pose le menton sur le bord, dans un sourire enjôleur, la mutinerie idiote et satisfaite de toutes ses trouvailles matinales. Qu'est-ce que tu dis de celui-là ? "

Fallait pas me laisser, tu vois.
Il est beau, le résultat...
Joe Tennessee
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Des lapins et des Hommes - Sam 3 Mar - 14:11
Zachary Banks
lycans
lycans


Zachary Banks
EFFIGIE : Jeffrey Dean Morgan
BAFOUILLES : 73
PACTE : 17/02/2018
OSSATURE : 47 ans.
CONTRAT : Dans la merde.
BESOGNE : Voyou.
ÉCHINE : Lycan.
CREDIT : (ava)Killer from a gang. (gif)remind me of a babe.

Give me a new page    Forgive me I've been lonely But it's not like I don't know my way But I don't know my way You've been looking for meaning, did you like what you found?


Un sourire goguenard sur une gueule burinée, lacérée par le temps, dévorée par un pelage poivre et sel qui tend à adoucir l'atrocité mortifère de crocs qui ne mordent que trop souvent, trop profondément. Fièrement enfoncé dans un fauteuil en cuir, un verre entre les griffes, le clébard profite de la fin de son service en observant la houle aguicheuse d'une paire de hanches qui lui raconte des histoires, de belles histoires de chair et de sueur qui se mélangent et se caressent jusqu'à s'évanouir dans un dernier soupir, dans l'ivresse. Elle est rousse, la petite, la peau lactée et un museau à se damner... Tout ce qu'il lui faut, tout ce qu'il lui faudrait. Et elle est rousse, il se répète, observe, dévore des yeux, se rappelant que Baby déteste les rouquines et les cheveux qu'elles laissent sur ses tee-shirts, chemises, oreillers... Alors le sourire s'étire, encore, entre charme et sauvagerie, les prunelles hallucinées, accrochées aux courbes qui louvoient entre les silhouettes, se tournent parfois vers lui pour mieux le fuir la seconde suivante. Et il sourit, il sourit, il sourit à s'en froisser les zygomatiques, les neurones saturés d'instinct chasseur et d'envies immorales.

Wh'd you run away,
Don't you like my style?
Why don't you come and play

La mélopée des rires et des soupirs bat la chamade contre la porte, dans l'entrée, dans le couloir. Ils trébuchent, vaguement, se font plus bruyants qu'ils ne devraient. Il s'en fout, le vieux roublard, trop enivré pour se rappeler vraiment les règles de la décence la plus élémentaire, les mains perdues aux hanches qui l'ont aguichées avec trop d'entrain. Il s'en fout et il s'accroche, les lèvres perdues à la naissance d'une gorge qu'il entend dévorer avec appétit pour la deuxième fois de la soirée, de la nuit, du petit matin alcoolisé qui se dessine sur les contours écharpés de Rome la Jolie. Comme une promesse, la porte de la chambre se referme sur les silhouettes insouciantes, étouffant les gloussements de sa rouquine pour le reste de leur chorégraphie au rythme entêtant. Il s'y perdra, l'enfoiré, et l'oubliera la seconde d'après.

I guarantee a great big smile
I come from the imagination
And I'm here strictly by your invocation

Il y a la paresse des reviens-y qui le frappe avec les rayons du soleil. Il est tard, trop tard, mais peu importe à l'inénarrable connard qui serre ses bras autour de la carne porcelaine qui s'est affalée sur son torse. Elle ronronne plus qu'elle ne parle, la petite, et ses lèvres racontent des choses qui ne l'intéressent pas à mesure qu'il glisse ses griffes dans les boucles rousses qui recouvrent le crâne qu'il pousse, pousse toujours plus bas, jusqu'aux chairs qui réclament ses histoires silencieuses. Les yeux se ferment, parce que le monde est plus beau derrière des paupières mi-closes tandis qu'il soupire et râle d'appréciation. Il ne manque qu'une clope et une tasse de café à la symphonie de ses appétits animaux, il ne manque qu'un peu plus de silence et une danse éhontée sur ses hanches, au contact des siennes. Qu'importe. Qu'importe le monde et le reste, là, quand il se perd dans la déraison de ses envies indécentes. Plus tard, elle s'effondre une fois de plus, le souffle court et la poitrine recouverte d'un filet de sueur. Elle réclame, la chatte, de la bouffe, elle évoque des envies de nems, de canard laqué, et il acquiesce avec paresse, les doigts bavards et les lippes étirées d'un sourire malsain. Tout ce que tu veux, il lui grogne à l'oreille, mordant les chairs, râlant à ses complaintes affamées. Madame a la dalle, et il ne saurait contenter son estomac. L'échec est cuisant pour le clébard qui tend une main sèche vers son téléphone. « Order whatever the fuck you want... Mais tu payes. » L'égalité des sexes commence ici.

You call me and I come a-runnin'
I turn the music on - I bring the fun in
Now we're partying - that's what it's all about

« T'as pas vu ma robe ? » elle demande, le sourire presque aussi moqueur que le sien, un air fier de conquérante dans le fond de ses yeux vert d'eau. Un bras sous la nuque, une main grattant sa barbe, l'homme daigne attraper un tee-shirt balancé aux pieds du lit pour le lancer à la rouquine, juste de quoi planquer la tentation de ses voies lactées tortueuses, juste de quoi faire baver le livreur. « Tu seras gentille avec Joe, chérie. » Joe, interroge-t-elle, son adorable nez vaguement froissé par une question inconfortable. « Ma coloc. » qu'il répond, s'amusant de sa moue contrariée. « T'es mignonne, tu sais, mais tu payes pas le loyer... Alors sois bien élevée. » Et elle rit, elle, faisant trembler le chaos de ses boucles aux reflets flamboyants, secouant sa petite tête un peu trop vide pour être parfaitement mesquine, s'échappant de la chambre. La suite de la partition ne lui importe pas assez pour le faire tendre l'oreille, tandis que le Loup – en pacha – s'allume une clope et regarde les volutes s'envoler jusqu'au plafond. L'homme redresse à peine la tête, quand la petite revient avec des sachets papiers aux odeurs fumantes, lâchant un rire de plus, un grondement appréciateur, se redressant avec flegme pour accueillir la gosse entre ses bras, prêt à faire un vrai repas.

I'm the heart of swing
I'm the twist and shout

" Elle est plus téméraire que la précédente. " Le monstre sourit, achevant de descendre les escaliers grinçant, un jean ceint à ses hanches, quelques doigts perdus aux contours de l'un de ses nombreux tatouages. « Sois pas mesquine. Elle est brave... » et il y reviendra, retient-il dans un sourire amusé, se dirigeant vers la cuisine pour aller se servir une tasse bien méritée d'un café qu'il sent depuis plus d'une heure maintenant. La paluche paumée au contact froid de la céramique, la cruche dans l'autre, le connard bloque sur la cage et le machin qui y gigote. Il entend, le petit cœur battre la chamade, les pattes gratter le fond de la cage en plastoque. Il voit la bestiole qui se trémousse et agite ses oreilles dans tous les sens, si bien qu'il n'écoute pas, ne prête pas grande attention au Bébé qui se pâme devant l'écran, l'air mutin qu'il lui devinerait même à deux cent bornes ou sa blondeur sublimée par le soleil de la fin de matinée. Ou du début de l'après-midi, il ne sait plus très bien. Il bloque, toujours, daignant malgré tout remplir sa tasse du liquide fumant que son cerveau réclame urgemment, histoire de diluer les dernières brumes d'alcool... Puis, enfin, finalement, le cabot se tourne vers sa louve, la dévorant du regard au lieu de la dévisager sobrement. « Babe... Tu peux m'expliquer pourquoi il y a un putain de lapin sur le plan de travail ? » Un doigt s'accroche au barreau d'une cage, le museau venant renifler le tas de poils d'un air las. « Je préfère les croissants, au petit-déjeuner... », il grommelle, se détachant pour rejoindre sa moitié d'un pas tranquille et la renifler à son tour. « Qu'est-ce que t'as chassé, cette nuit ? » Le souffle se perd à son oreille, au sommet de son crâne, tandis qu'il observe l'écran de l'ordinateur dans un intérêt en demie-teinte de résignation. Il l'a entendue sortir, n'a pas aimé puis a continué de baiser. Mais il l'a entendue, et il aurait aimé l'accompagner, ou aller la chercher, lui dire de ne pas partir, de ne pas fuir. Puis il a oublié. « Il est très bien. »

So what do you say ?
Why don't we dance a while ?

Once more, with feelings.
Zachary Banks
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Des lapins et des Hommes - Lun 5 Mar - 14:10
Joe Tennessee
lycans
lycans


Joe Tennessee
EFFIGIE : Diane Kruger
BAFOUILLES : 183
PACTE : 18/02/2018
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OSSATURE : 129 ans (43 ans)
CONTRAT : Dictatrice
BESOGNE : Gardienne des horreurs, garante des bêtes en cage
ÉCHINE : Sang Pur. Alpha. Ulfric. Bannie.
CREDIT : (ava) me / (gif) a hiding place for gifs, remind me of a babe

.Des lapins et des Hommes.




The moon to the tide
I can feel you inside

L'oeil de Joe s'égare, malgré lui, dans un rituel quotidien à demi conscient – par-delà les griffures arabesques de ses tatouages, juste là sur son flanc, dans les lignes plus en reliefs d'une morsure. Pour s'assurer chaque jours de sa présence, se rassurer à chaque femme de sa prépondérance, que Lui comme elles ont l'audace impardonnable de vouloir estomper. Les orgasmes passent et les crocs restent. Furtivement, semblant que c'est pas exprès, avant de replonger la truffe sur ce dont elle dispose pour s'occuper les mirettes. Oublier une fraction d'instant, toutes ces femmes que son corps froid ne saurait lui interdire mais que son cœur échaudé, tordu, supporte à grand peine. Parce qu’il les choisit exprès en ce sens, le soupçonne t’elle, Baby, pour se réconforter elle-même – soigner la faille narcissique d’un ego destructeur qui supporterait mal, sans se l’avouer, être exempte de tout réflexe quand il les sélectionne. Toujours plus jeunes, toujours plus rousses et de plus en plus irritantes. Chaque fois que le monstre regagne son périmètre, feint d’ignorer qu’une présence indigne pollue l’oxygène de l’appartement, c’est la confrontation brève et périssable des provocations sur son semblant d’indifférence. Mais elle doit le lui reconnaître, cette fois, à son connard : d’en avoir trouvé une plus que difficile à ignorer, irrésistiblement agaçante.
Brave, la qualifie t’il. Baby retient d’autres adjectifs dans un claquement de langue, un sourire de Mort. Fragile. Idiote. Facile. Punitive." Ne la fais pas pleurer dans l’appartement c’est tout ce que je te demande. " roucoule t’elle d’une voix chaude, une placidité droite et résistante ; les gémissements, ça me donne faim. Souvenir encore las des hoquets de la précédente, la litanie perpétuelle du connard qu’il sait être et qui se lasse diablement vite de ses conquêtes sans cervelle. Conquêtes dont elle doit subir le désespoir ensuite, non content de lui infliger leurs idioties insignifiantes. Orgueil et mauvaise foi n’admettront jamais qu’elles l’arrangent, ces humaines sans la moindre envergure aux noms trop exotiques ou féminins, mielleux et périssables. Que le pragmatisme voudrait enjoindre monsieur à se tourner vers sa propre race, plus solide et plus satisfaisante – pour s’éviter les cadavres d’une passion hormonale changée en violence primitive, ou encore de devoir arracher la tête d’une engeance indigne et malencontreuse dans l’orgasme plein d’une morsure. Parce ce que c’est ce qu’elle fera, ce dont elle l’a averti tout de suite : elle tuera dès la première trace de ses dents en elles. Une bonne excuse pour en massacrer l’une ou l’autre un jour, c’est en somme plus indigne et irresponsable que l’accueil mérité d’une race valable ; mais son cœur de femme, son putain d’ego serait foutu de le tuer si enfin il en ramenait une à la hauteur de son envergure.

" Il s’appelle Jack. " elle corrige, la belle, avec panache – marquant un temps comme si cette explication devait lui suffire, à l’en contenter dans l’hypothèse où elle ne voudrait rien ajouter. Je n’ai pas droit au pédigrée de toutes les dindes que tu ramènes sur mon territoire, que je sache. Plonge ses topazes dans l’onyx dur de leur vis-à-vis, dans une autorité défiante, un agacement fugace. Abandonné, enfin, d’un coup léger coup de menton en l’air, par amour uniquement, la grâce éternelle de sa reddition dans l’affection qu’elle lui porte. " Ils vendaient des lapins adultes au marché et celui-là avait l’air beaucoup trop conscient de son sort. C’est cruel, de laisser un animal savoir qu’il va mourir. Et puis… Il est silencieux, lui. " persifle madame dans un sourire terrible, un fond de meurtre au fond de ses prunelles tendres, ponctuant la frappe de l’eau sur le sol d’une baignoire, qu’une demoiselle semble faire exprès de rendre la plus bruyante possible, non contente de ne pas déjà ménager ses rires et babillages incessants.

Du fond de sa cage, Jack en veut pour preuve qu’il se met à gratter frénétiquement le plastique dans un capharnaüm improbable, ponctué du choc de ses quenottes limées sur les barreaux de métal. Et elle sourit, Baby. Elle l’aime déjà.

They're under your spell
Surging like the sea, pulled to you so helplessly
They break with every swell, lost in ecstasy

" Une biche. " Murmure réponse ronflé au bout de ses lèvres, dans la sensualité tiède d’une violence sous-terraine, revendiquée ; la flatterie tordue d’un aveu de pulsions meurtrières, qu’il aura réussi à lui arracher. Confession ponctué même, l’un ersatz d’excuse mutine, soumission bien trop éphémère. Le dos instinctivement allé contre le monstre adoré venu la rejoindre, Joe exulte un soupir tenu, plein. Satisfaction des contacts pudiques dans la profondeur des fusions primitives, cruelle à son tour de ce qu’elle ne réclame pas d’avantage. Vengeance à demie voulue qu’elle ne sait se résoudre à affirmer vraiment, éternellement tenue par l’affection qu’il lui inflige. Elle se love, pourtant, Joe ; en une acceptation brève, une tendresse évidente. Entoure de la pointe d’un stylo la bonne référence dans son calepin de sénile, contente. Se redresse quand la chaloupe diablement sensuelle de jeunes hanches et la subtilité absente d’une élégance en berne martèle les escaliers d’un pas lourd, au sorti de sa toilettes. Un peu plus pâle, la flamboyante, un peu incertaine ; avant même de tomber sur le tableau flagrant d’une complicité trop évidente. Il se fait plus prédateur, le sourire de Joe – même si elle reste loin de l’autre avec une certaine décence. " Problem, Darling ? " Et elle hésite, la petite, sous son œil résolument placide, éternellement patient. Baby devine que son monstre soupçonne ; un mystère bien vite tranché dans le balbutiement incertain de mademoiselle, confuse, tranchant l’alcôve délicieux de son américain dans un rital bien moins téméraire, tout à coup. Il y avait … du sang sur le robinet de la baignoire.

Et elle cherche, la belle, méritoire : dans les visages qui la contemple, une explication rationnelle, la logique d’une blessure sur leurs chairs. Joe savoure et laisse filer un silence, avant de conclure, glaciale aux orbes qui s’écarquillent au visage replongé dans son écran. " Les restes du dernier lapin, j’imagine. "

Brave mais émotive, ta biche.

They're under your spell
Nothing they can do, you just took their soul with you

Effarouchée raccompagnée à la porte sur une explication qui ne l’importe guère, l’homme de ces lieux a disparu sous la douche à son tour et Joe a jeté les croissants bien achetés mais délaissés dans un élan d’humeur. Décidée à rendre cette journée productive, elle a sorti la bâche et les outils, remonté du sellier à mi étage le nouveau plancher qu’elle est bien décidé à égaliser. Assise à même le sol et la truffe aux mesures que son crayon trace sur le bois neuf, elle ignore un temps, le corps qui réapparaît dans la pièce, enfin débarrassé des puanteurs de sa rousse, son chinois et sa friture. Ajoute à la liste d’éléphants qu’ils n’adresseront pas dans la pièce, son caprice le plus récent, le visage fermé d’une autorité hostile à la moindre tentative. Après quelques minutes, pourtant, à se vautrer dans son odeur proche et trop lointaine, contempler en périphérie de son œil les rides sabrant la tendre gueule, Baby baisse les armes en une paix relative, une conciliation envieuse.

" On pourrait sortir, ce soir. Aller voir quelque chose. N’importe quoi."

Un coucher de soleil ou un film, un concert ou un batiment – toutes ces choses romaines, humaines, que je ne supporte que quand c’est ton regard qui me les raconte.
Un museau interrogateur se rehausse vers le cabot, fond d’inquiétude faiblement perceptible au fond de la prunelle, de s’entendre dire qu’il préfère partir, ce soir. Qu’il préfère fuir. Qu’il a oublié.

You worked your charm so well
Finally, I knew
Everything I dreamed was true…
Joe Tennessee
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